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Tous les textes, sauf indication contraire: © Jean Robert Bourdage 2012 - 2019

15.3.14

New York. 1962.

Dans une galerie d'art...

Homme 1: C’est une banane?

Artiste: Oui. Une banane.

Homme 1: Et elle fait quoi, la banane?

Artiste: Elle est.

Femme 1: ah non. Elle pose.

Artiste: C’est une banane. Les bananes ne posent pas. Mon oeuvre n’est absolument pas symbolique. Ni un  jugement du "consumerism".

Femme 1: Pauvre idiot. Votre oeuvre ne vous appartient déjà plus.

Artiste: (plein d’espoir) Vous me l’avez achetée?

Femme 1: Bien sûr que non. Je voulais dire qu’à partir du moment où vous accrochez votre tableau, il n’est plus à vous. Vous l’avez créé, vous en toucherez les dividendes, certes, mais maintenant c’est aux autres de vous définir.

Homme 1: Vous faites des fraises? Ma femme adore les fraises.

Artiste: Madame, je trouve votre vision de l’art bien étrange.

Femme 1: Dommage pour vous. De toutes façons, voilà 15 minutes que je la regarde votre banane, et déjà elle m’ennuie.

(Femme 1 part. Femme 2 arrive.)

Homme 1: Vous connaissez le mec qui fait des visages avec des fruits et des légumes?

Femme 2: Mais… C’est une banane?

Artiste: Non madame! C’est un hippopotame!

Femme 2: ???

Artiste: Il se déguise en banane pour échapper aux braconniers. Mon art est très politique.D’ailleurs, si vous la pelez, vous verrez apparaître le gris de l’hippopotame.

(Femme 2 approche son doigt de la toile pour  la gratter. L’artiste lui donne une tape sur la main.)

Femme 2: Goujat! (Elle le gifle et part)

Homme 1: Je ne crois pas qu’il se fait tant de braconnage d’hippopotames, vous savez.

Artiste: Ah noooooon?

Homme 1: Non. Vous confondez avec le rhinocéros.

Artiste: Bien sûr. Où avais-je la tête? C’est qu’il a déjà perdu ses cornes. Les braconniers sont déjà passés. Rhino échaudé craint l’eau froide.

(Homme 1 ne relève pas la boutade et fait mine de partir)

Artiste: ( suppliant) Donnez-moi 1000$ et je vous peins la plus grosse fraise que vous n’ayez jamais vue.

Avant